Les animaux sentimentaux
Auteur : Cédric Duroux
Résumé :
Quelle forme prennent les sentiments dans un monde hyperconnecté ? Quels sont les bouleversements – intimes, familiaux – qu’entraîne un coming-out ? Entre vie fantasmée et vie vécue, entre son milieu d’origine et la famille d’élection que constituent les amis, comment trouver sa place ?
Les Animaux sentimentaux, à travers les aventures de personnages très incarnés, livrent une version contemporaine de l’éternelle question des rapports entre sexe et amour. Une apparente désinvolture imprègne cette écriture qui navigue entre le français et l’anglais, le réel et la fiction, et où l’on croise aussi bien David Bowie que le lapin d’Alice.
Cédric Duroux assume une forme de sentimentalité sans mièvrerie, de mélancolie festive qui rappelle l’univers des Chroniques de San Francisco… et compose une vibrante ode à l’amitié.
Avis :
Samuel est un jeune homme cohabitant avec Anthony qui est systématiquement là quand Sam en a besoin que ce soit lorsqu'il est seul ou avec ses amis. Le plus proche n'est autre que David avec son appétence permanente de rencontres. À l'inverse, Olivier a un problème avec le réel, accentuant son addiction au sexe par Internet et ses phobies et TOC ne l'aident guère. Enfin, il y a Lily, une Londonienne, fille à pédé, qui a tiré un trait sur son ex et a décidé, un temps, de changer d'air en rejoignant David et ses amis à Lyon.
Les retrouvailles sont charmantes, mais surmonteront-ils l'épreuve qui les attend chacun ?
Samuel a croisé le chemin d'Anthony à la piscine, d'abord en remarquant son look inadéquat pour le grand bain, des bottes et un page en peau de bête, un véritable Rahan version brune. Toutefois, personne ne semble le voir. À son retour, il le découvre dans sa chambre. Depuis, il le suit partout et paraît venir à sa rescousse dans l'expression de ses sentiments, ses émotions. Quel est le but de la présence de cet être qui l'épaule au décès de son grand-père, lors des réunions familiales… ?
David pour divertir Lily l'emmène dans un club et s'amusent, comme à l'époque où ils se sont connus, jouant un rôle. Mais en ressortant, ils sont passés à tabac ; agression homophobe. Révélations au grand jour pour ces deux-là.
Je me suis attaché à chacun de ses personnages. J'ai partagé la joie de vivre vite de David qui n'oublie pas ses amis pour autant, ou plutôt sa famille de cœur. J'aimerais avoir cet ami imaginaire qu'a Sam, apportant réconfort et énormément de soutien quand il s'agit de s'exprimer, d'éviter les maladresses. Les descriptions des tenues d'Anthony prêtent forcément sourire, un élément complètement décalé dans l'environnement. J'ai été touché par la détresse d'Olivier qui du fait de ses peurs paniques et ses TOC n'arrive pas à avancer dans sa vie. Ses manies sont des tentatives pour se rassurer, mais les inquiétudes sont plus fortes. L'une des rares lueurs d'espoir dans son monde est ce dialogue en ligne avec cet inconnu nommé Jonboy
mais qui le tranquillise là où ses amis n'y parviennent pas toujours. Concernant Lily, j'ai apprécié sa bonne humeur, mais impossible d'en dire plus sous peine de révéler ce qui bouleversera son existence.
Je me suis vraiment beaucoup amusé lors de la soirée où David entraîne Lily quand ils dressent les portraits des différents "clubbers" chasseurs, un bestiaire (Maxou Minou, Pascal Cheval…).
Un élément central que je n'ai pas encore énoncé est le Slide, la boîte gay où tous ces personnages se réunissent quelques fois. Un lieu "d'amour libre" et safe qui ressemble au Shortbus (club new-yorkais des années 70) et qui a inspiré le film du même nom. C'est là où tous les protagonistes communient ensemble mélangeant cocktails et karaoké, des moments pleins de vie.
Les animaux sentimentaux est un roman à plusieurs voix puisqu'on alterne entre chacun des individus cités de chapitre en chapitre permettant de transformer ce récit un véritable page-turner et une ode à l'amitié. Le texte est par instant cru, ça parle de sexe, de cul, mais ce n'est pas ce qui prime et c'est toujours soft et honnête.
Cependant, même si je comprends la volonté de l'auteur d'utiliser l'anglais pour dire ce qu'on est incapable de formuler dans sa langue maternelle, je crois que cela ferme la porte à un certain lectorat. Je ne suis pas un cador en anglais et parfois dans les tchats Internet j'ai eu un peu de mal à saisir l'intégralité. Alors oui, Olivier discute énormément avec des étrangers et il est logique que l'anglais prime et une retranscription 100 % française aurait décrédibilisé, mais une traduction en appendice ou en bas de page aurait été la bienvenue.
Le chapitre du 21 décembre était sympa, mais je l'ai trouvé un peu too much.
Cette plume m'était inconnue, normal c'est un premier roman, et le résumé ne m'a pas immédiatement attiré, pourtant au final je suis très heureux d'avoir lu cette fiction et je pense qu'à l'occasion je me replongerai dans ces lignes.
Je tiens donc à remercier les Éditions Buchet-Chastel et Babelio pour cette belle découverte.
Fred
Les animaux sentimentaux
Auteur Cédric Duroux
Éditeur : Buchet-Chastel
Collection : Qui vive
Date de sortie : 11 mai 2016
Pages : 370
EAN : 9782283029317
Prix : 18 €
Musique : « Where the Wolves are Kind« (musique et chant : Scott Matthew / paroles : Cédric Duroux)
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